FILMS
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FILMOGRAPHIE
Saison Cinquième, 1968 - La Tête au neutre, 1973 - L’ ou ‘L, 1974-2015 - Une Semaine dans la vie de camarades, 1977 - À vos risques et périls, 1980 - La Couleur encerclée, 1986 - Le Royaume ou l’asile, 1990 - La Folie des crinolines, 1995 - La Marche à l’amour, 1996 - Ton père est un bum, 1997 - Étrange Histoire, 1998 - Un souffle qui brûle, 2001 - Barbaloune, 2002 - Cerbères à l’horizon, 2006 - J’irai danser sur vos barrages, 2006 - Même combat, 2008 - Rose et Ronce, 2008 - Le Vent du Nord, 2009 - Chemin de clef, 2010 - Eh Oh l’hyène, 2010 - C’est pas un banc d’essai, 2011 - Sortez-moéça!,2011- Pour en finir avec la tricherie, 2011 - Les pales du mal - parcours citoyen, 2011 - Les Meutes du désordre, 2012 - L'Or là - Traversée, 2012 - Une Semaine dans la vie de camarades -version des réalisateurs, 1977-2015 - Paul Rose, entretien, 2013 - La Frenière Jean-Marc, Débroussaillage, 2013 -Étrange Histoire, version des réalisateurs1998-2014 - Bad Blades, (vsa des Pales du Mal) 2014 - l’Or Là collage cinémagographique, 2012 - L'or là - mouvances, 140, 2019
EN PRÉPARATION - Dérives au pas Gagné / ( tournage et post-production phase I : disponibles en 44 bribes de 5 a 10 minutes et 4 épisodes longue durée ) mise en ondes en septembre 2023 -Dérives au pas Gagné / Bouleversements ( post-production phase II 2025 (44) - Dérives au pas Gagné /Impasses ( post-production phase III pour 2027(20) - Dérives au pas Gagné / Espoirs ( post-production phase IV pour 2027(15) Rang du où là?, montage - Vert atout, scénarisation - Méandres de l'inutile, abandon - Bureau central des utopies - abandon - 1 million d’heures plus tard, abandon
Cinéaste indépendant, producteur, réalisateur et cameraman il a collaboré à plus de 20 films de long métrage. Il agit comme producteur délégué pour Production Cocagne. Il est président de Diffusion Conventum et de 7ième Art Distribution corporations qui s'occupent de la promotion et de la diffusion du cinéma d'auteurEs. Membre fondateur du Rézo de diffusion du cinéma indépendant qui a assuré pendant 4 ans la présentation de cinéma d'auteurEs dans un réseau dédié. Dans le cadre du Centre de recherche multidisciplinaire mis en opération COSMA, il participe aux services pour la réalisation et promotion/diffusion du Cinéma indépendant. Il est aussi un analyste reconnu pour toutes les questions entourant la place et les enjeux de la création et du cinéma dans la société.
Jean Gagné Cinéaste indépendant, il a réalisé et
fait le montage de 20 films de long métrage. C'est sous sa direction que Production
Cocagne a mis en place une collection consacrée
à témoigner de la création dans toutes ses différences,
La Poésie à l'Ouvrage. On y retrouve des œuvres dédiées à
Gaston Miron, Denis Vanier, Armand Vaillancourt, Gilbert
Langevin , Pierrot Le fou Léger, Roland
Giguère entre autres Membre fondateur du Rézo de diffusion
du cinéma indépendant qui a assuré pendant plus de 4 ans une
programmation de cinéma indépendant dans un petit réseau dédié.
Il agit comme vice-président du conseil d’administration de
Diffusion Conventum. Dans le cadre du Centre de recherche
multidisciplinaire qu'entend mettre en opération COSMA, il
participera à la mise en place d'un atelier consacré au
documentaire d'auteur. Il est aussi un artiste
multidisciplinaire qui s'exprime particulièrement dans la
réalisation de collages multi-média.
2
essai cinématographique
2016-17
À PROPOS DES FRÈRES GAGNÉ “À une époque où le film-roman est
devenu la seule référence, il y a dans
le cheminement des
frères Gagné une recherche qui se situe dans le sillon des
mouvements qui ont voulu libérer l’inconscient: surréalisme,
dadaïsme, expressionnisme, underground, etc...”
Michel Larouche, “Les
frères Gagné: I’autopsie du documentaire”,
Copie Zéro, No 38. "Leur cinéma est
imprévisible, comporte parfois des fulgurances, souvent
des moments de
poésie, toujours une réalité éclatée. Véritables
porte-étendards du cinéma
indépendant au Québec, les frères Gagné persistent et
signent un cinema libre qui donne la belle part aux
envolées et à la mise en valeur
d’autres amis artistes"
Marc-André Lussier,
collaboration
spéciale, La Presse, Samedi 7 octobre 1995.
"La Folie des crinolines nous entraîne donc dans un thriller
baroque où se superposent un
univers passé empreint de superstitions et un monde
actuel axé sur l’argent et le gain. "
André C. Passiour,
Quartier Libre,
Volume 3 Numéro 5 le 17
octobre 1995. "La
marche à l'amour, telle que traitée chez Cocagne, est
un mât de misaine de rapprochement entre tous et toutes."
Pierre Léger,
journaliste et poète, Art Tiret no 92,
décembre 1996 "... La Marche à l'amour, "une
performance poétique cinématographiée" par les frères Gagné, les
porte-étendards du cinéma indépendant au Québec.... Miron
devient simplement géant. Soyons reconnaissants aux cinéastes
d'avoir su élaborer une mise en images aussi magnifique que
respectueuse."
Marc-André Lussier collaboration spéciale La Presse Vendredi 30
mai 1997. "...spectacle poétique global,
la Marche à l'amour....
a éte conservé intégralement sur bobine par les frères Gagné,
ces infatigables cinéastes de
la poésie populaire du Québec contemporain."
Paul Rose,
L'Aut'Journal, no 156 février 1997. "Les frères Gagné
viennent de réaliser un fiIm percutant,
Ton père est un bum
... En toute indépendance et avec la folie
des pellicules libres qui les caractérisent. Véritable montage
et cut-up de paroles et d'images évocatrices de la pertinence
des propos de ce poète qui a fait de sa vie et de son écriture
une provocation perpétuelle et un constant , délire sur le thème
de la fragilité d'exister et de respirer. Un film essentiel et
majeur sur un poète d'ici trop longtemps écarté par la rigueur
publique..."
Pierre Demers,pour
L'Itinéraire, no-9, septembre 1997. " .... Les frères Gagné réussissent à
créer un palimpseste visuel et sonore qui s'impose comme une
méditation sur le sens des images et des mots...."
Paul Beaucage, Séquences
no 199, novembre-décembre 1998. "... survolons cette
Étrange histoire.
... Film de grave divertissement poévital, et de tendre
gai-savoir, «Étrange
histoire» est aussi du cinéma de
revendication.
Socioculturelle. Au plan esthétique (on l'a vu).
ET
idéologique : Larouche en sa belliqueuse maison de tous les arts
(idem pour Le Conventum); Langevin en sa fragile tentative de
philosopie fraternaliste. ..."
Pierre Léger,
journaliste & conteur-poète, septembre 98.
totemIsage "II y en a peu d'aussi troublant,
d'aussi dérangeant, que le film de Serge et Jean Gagné,
Etrange histoire. À ma
connaissance, c'est le premier film qui traite directement de
l'"inavalable" tragédie des artistes québécois de la génération
précédente. Et cela lui confère une force dramatique, une valeur
de constat, de manifeste, de cri de douleur, d'oratorio funèbre,
qui ne me paraît pas si loin, curieusement peut-être, de la
tragédie à la petite semaine des pères de famille de
Père pour la vie.
..C'est justement cette même douleur-là que le film des frères
Gagné pousse jusqu'à la souffrance la plus extrême, en évoquant
le destin tragique de Gilbert Langevin, un des poètes québécois
les plus importants des trois dernières décennies, qui finit
pourtant sa course parmi les itinérants de Montréal."
JEAN CHABOT IN 24 IMAGES
NO 96 PRINTEMPS 99 " Vaillancourt est livré ici avec une
dimension de grandeur qui transcende sa personnalité et son
oeuvre mais qui l’inscrit comme une figure un peu mythique dans
la grande toile du Québec."
Odile Tremblay, Le
Devoir, samedi le 19 avril 2003. "Ce documentaire brut à l'image des
coups de marteau et des coups d'éclat de l'infatigable artiste
confirme une fois de plus le talent et la place des frères Gagné
dans notre espace cinématographique."
Louise-Véronique
Sicotte, Séquences 225, mai-juin 2003
"BARBALOUNE L'ivresse d'une bouffée d'éther... Inspirée du
collage (art visuel que Jean pratique couramment), leur
technique cinématographique est faite de tableaux successifs qui
se juxtaposent sans liens immédiatement logiques. Un univers à
la fois poétique et pragmatique, où le surréalisme fait sans
cesse irruption dans le quotidien. Des images au charme brut.
Bref, un film insaisissable et coloré, comme une balloune
ballottant au vent.
Mélanie St-hilaire,
Le Soleil, samedi 7 septembre 2002. "Quand on mesure l'eau en épaisseur de
piasses, ce sont les pauvres qui écopent pour engraisser les
pleins. Quand on mesure le bois en pylônes électriques, quand
les banquiers flairent le vent, quand on viole pour de l'or et
du fer le vagin de la terre, toute l'énergie et la richesse du
Québec sont prêtes pour alimenter les États-Unis de l’Amérique
du Nord. À leur manière,
Cerbères à l'horizon et
J'irai danser sur vos
barrages se penchent sur
l'histoire des premiers grands barrages privés et y
constatent l'américanisation du territoire par les monopoles
financiers et la désappropriation de nos richesses pour des
bouchées de pain." Jean-Marc
La frenière, Revue de la Société Historique, Automne 2011 Les réalisateurs du film
Les Pales du Mal y
ont mis juste ce qu'il faut d'ironie pour éditorialiser ce
parcours, quelquefois explorant et poussant plus loin les
doléances citoyennes. Il nous montre que la démocratie peut
facilement être bafouée quant il est question de servir les
maîtres de la finance internationale, des gloutons locaux et des
goinfre du béton. Pour tous ces sbires rien ne peut s'accumuler
sans une bonne petite construction conséquente à un juteux
projet de destruction. Ce film des Frères Gagné continue le
travail commencé avec
Cerbères à l’Horizon et
J’Irai danser sur vos
barrages en explorant une autre forme du pillage de nos
ressources naturelles par les firmes étrangères. Un autre signe
s’ajoutant et montrant que ce n’est pas d’aujourd’hui.
Alex G Rhom, pour l'Art
Tiret, février 2012
essai cinématographique 2016-17 Étude du film
Une semaine dans la vie
de camarades (1976) de Jean Gagné et Serge Gagné1 par: Marc-André Robert est candidat au
doctorat en histoire à l’Université Laval depuis 2010. En avril 1975 s’ouvre la Rencontre
internationale de la contre-culture (RIC) de Montréal. Événement
phare de la contre-culture québécoise, elle donne lieu à la
production d’un long-métrage documentaire de quatre heures
empruntant à l’esthétique du cinéma direct :
Une semaine dans la vie
de camarades (1976), des cinéastes Jean Gagné et Serge
Gagné, deux acteurs de premier plan de la mouvance
contre-culturelle au Québec. Portrait social et politique de la
culture québécoise, ce film propose une série d’entrevues avec
des « travailleurs culturels » à travers un voyage aux quatre
coins du Québec. Critique de la culture institutionnalisée des
années 1970, Une semaine
dans la vie de camarades explore les différentes
manifestations culturelles populaires en sol québécois. ... ... S’y côtoient entre autres
l’intellectuel Patrick Straram dit « le Bison ravi »; le
cinéaste Gilles Groulx; les poètes Josée Yvon, Denis
Vanier, Charles Plymell et Allen Ginsberg; les
chanteurs Lucien Francoeur, Raoul Duguay et Plume Latraverse;
l’écrivain William Burroughs; et l’artiste Baron Philip. ... « [F] igures quasi mythiques6
» de la contre-culture en terre québécoise, les frères Jean et
Serge Gagné, cinéastes marginaux et indépendants à qui l’on doit
plusieurs films-essais méconnus d’une richesse historique
surprenante7,
... ils développent un projet de long métrage s’appuyant en
partie sur les images captées pour l’occasion et portant, plus
globalement, sur l’idéologie de la contre-culture au Québec. ...
un film-fleuve (quatre heures !) à la confluence des genres,
mêlant fiction, documentaire et cinéma direct, dans une
improvisation cinématographique que l’on reconnaît à la
filmographie des frères Gagné, celle des films-collage. Dans une
perspective historique, ce film constitue un document
sociologique et ethnographique d’importance. Produit par des
contre-culturistes qui y critiquent, dans une approche bien
singulière, la culture (avec un grand « C ») québécoise
institutionnalisée des années 1970,
Une semaine dans la vie
de camarades renseigne à la fois sur l’esprit
révolutionnaire de la contre-culture ainsi que sur l’esthétique
cinématographique propre à cette mouvance. ...Une
semaine dans la vie de camarades mérite une étude
substantielle surtout parce qu’il se range parmi les seuls longs
métrages « documentaires21
» ayant pour thème principal la contre-culture en situation
québécoise, mais aussi et surtout puisqu’il est le produit
contemporain de cette époque. Certes, les cinéastes Jean-Claude
Labrecque et Jean-Pierre Masse ont également réalisé un
documentaire contemporain sur le sujet, mais concentré surtout
autour d’un événement, La
Nuit de la poésie de mars 197022.
Je l’évoquais à l’instant, en 1997,
La République des
beaux-arts (la malédiction de la momie) de Claude Laflamme,
un documentaire sur l’occupation de l’École des beaux-arts
de Montréal par ses étudiants, en octobre 196823,
explore également le phénomène contre-culturel, mais a
posteriori. Une semaine
dans la vie de camarades se veut ainsi un témoignage
authentique, unique et contemporain des enjeux soulevés par les
tenants de la contre-culture québécoise. Exploitant les images qu’ils ont
captées pour l’occasion, les frères Gagné mettent en scène la
Rencontre internationale de la contre-culture, qu’ils articulent
comme trame narrative de leur film. Ce qui en fait une pièce
d’archive éminemment inédite. D’autant plus que la Rencontre
internationale est considérée par plusieurs comme le point
culminant de la contre-culture au Québec et précède,
rappelons-le, l’élection du Parti québécois de René Lévesque en
1976, événement qui provoque un changement de paradigme dans
l’environnement politique québécois de même qu’au sein du milieu
cinématographique. ... En plus de la trace historique qu’il
représente, Une semaine
dans la vie de camarades est également réalisé et produit
par deux acteurs de premier plan de la mouvance. À cette époque,
Jean Gagné et Serge Gagné sont de tous les événements,
instigateurs mêmes de certains d’entre eux; ils côtoient les
principaux acteurs avec qui ils entretiennent des amitiés
parfois soudaines, parfois de longue date. J’aurai l’occasion
d’y revenir. Ce film permet ainsi, en parallèle, de comprendre
l’articulation d’une esthétique cinématographique propre à la
contre-culture. Enfin, il est à noter qu’Une
semaine dans la vie de camarades n’a pas connu de diffusion
publique dans le circuit commercial. Il ne fut pas distribué
dans les salles de cinéma, sinon dans quelques salles
parallèles. Partageant surtout leur film au sein de cercles
d’artistes contre-culturels, les réalisateurs ne cachent pas
d’ailleurs leur volonté d’agir et d’exister artistiquement à
l’extérieur des réseaux convenus. Le public cible se trouve
ainsi en adéquation avec la démarche et l’esprit du projet. ...
sur la dimension (a)politique de l’idéologie
contre-culturelle, il m’apparaît pertinent d’interroger le film
des frères Gagné justement sous cet angle. Surtout puisqu’il
représente une certaine forme de manifeste politique du
phénomène. Il s’agit là, dans un acte de mise en mémoire, d’une
prise de parole inédite d’acteurs ayant vécu la contreculture «
de l’intérieur » et non celle d’observateurs externes. ...
Une semaine dans
la vie de camarades est donc susceptible de renseigner,
d’une façon originale, sur la prégnance du discours (a)politique
suggéré par Duchastel et Rochon. ... « Faut que ça se fasse, affirme Edgar à
son ami Jean-Gauguet Larouche30.
Pour réparer nos gaffes. […] Prendre trois semaines, un mois.
Faire cette tournée-là. Les trois années, on a vu pas mal ce qui
s’était passé à Montréal, les gars qui étaient importants. Mais
c’est pas plus représentatif que tout ça. Allons voir ailleurs31.
» Ces quelques phrases tirées du film, décrivent parfaitement
bien le synopsis d’Une
semaine dans la vie de camarades. Edgar Azède Plamondon32,
un homme dans la jeune trentaine, entreprend une visite du
Québec afin de sonder différents acteurs des milieux culturels
régionaux et recueillir leurs perceptions quant à la situation
de la culture en ce milieu des années 1970. La narration de ce
dernier constitue la seule dimension fictive du film. Pour le
reste, on navigue surtout dans les eaux du genre documentaire.
Plus exactement encore dans celles du cinéma direct, un genre
popularisé, au Québec et en France notamment, dans les années
1950 et 1960. On peut penser, spontanément, à
Pour la suite du monde
(1963) de Pierre Perrault, Michel Brault et Marcel Carrière,
célèbre documentaire sur la pêche aux marsouins à
L’Isle-aux-Coudres.
En octobre 1963, soit quelque mois après l’adoption officielle
du terme « cinéma direct » par le MIPE-TV de Lyon33,
le clerc Henri-Paul Sénécal, collaborateur à la revue
Séquences, résumait
admirablement bien l’essence de ce courant :
Le cinéma-vérité [ou cinéma direct],
c’est celui de la reproduction la plus fidèle possible d’une
réalité « “vivante et saignante” ». C’est celui du constat brut
d’une réalité sociale ou psychologique. Le cinéaste doit être le
témoin impartial de la réalité. Son rapporteur impassible. Il
doit confier au hasard de l’enregistrement le soin de « “capter
les plus secrets, peut-être le plus insaisissable d’un être” »
dans ses moments privilégiés d’abandon. La spontanéité et le
naturel de l’interprétation de personnages réels vivant des
événements ou des drames réels forment les éléments de base du
cinéma-vérité34. ...
Une semaine dans la vie
de camarades respecte sensiblement la formule, à l’exception
de la présence d’un personnage principal. Or Edgar, tout effacé
qu’il est au profit des gens qu’il rencontre, n’est au fond
qu’un agent liant. Il aurait d’ailleurs très bien pu ne pas
figurer dans le film sans qu’il n’y ait de véritable accroc au «
récit ». Mais cette confusion des genres est aussi ce qui
caractérise le cinéma des frères Gagné. On se trouve ainsi dans
une sorte de fiction documentaire, cela dit plus près du
documentaire que de la fiction. On relève aussi cet intérêt pour
la confusion des genres chez d’autres cinéastes, tenants de la
contre-culture, comme Gilles Groulx36.
Dans une entrevue qu’il accorde en 1978 au rédacteur en chef de
la revue Séquences
Léo Bonneville, Groulx confirme que ce qui[l]’intéresse au
cinéma, c’est l’incontestabilité. Je tiens à ce que le
spectateur ne puisse dire : voici une situation de fiction qui
n’a aucun rapport avec la réalité et, qu’il ne puisse pas dire à
l’égard du
totemIsage « Film-collage, » comme se plaît à le
qualifier Serge Gagné38,
Une semaine dans la vie
de camarades rompt également avec la linéarité habituelle du
récit. Avec la Rencontre internationale de la contre-culture de
Montréal comme trame de fond, le film se divise en sept parties,
correspondant aux sept jours que dura l’événement, précédé d’une
introduction. Chaque partie débute par des extraits de
conférences, ateliers et prestations musicales de personnalités
ayant pris part à la RIC. Après quoi le périple d’Edgar se
poursuit à travers les régions du Québec. ... D’où l’impression
de « collage » que Serge Gagné mentionnait lors d’un entretien
récent et que l’on retrouve dans la description qu’en fait Yves
Rousseau : « Entrevues, spectacles, fiction, poésie,
road movie, histoire
et anarchie se fondent dans cette comédie humaine éclatée39.
» Le style cinématographique singulier,
tout comme le récit et le choix du montage, n’est pas étranger
au contexte de production et de réalisation d’Une
semaine dans la vie de camarades. La démarche globale des
frères Gagné se veut le reflet d’une volonté affirmée de
demeurer à l’écart du système et de l’industrie, de certaines
règles et carcans qui posent des entraves à la création et à
l’imaginaire40.
Faire du cinéma le plus librement possible afin de permettre
pleinement, selon Serge Gagné, « la folie de faire se rencontrer
deux fantômes qui ne se connaissent pas : le spectateur et le
réalisateur41.
» C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils produisent eux-mêmes
leurs films. Que ce soit par l’entremise de Productions 8942
pour Une semaine dans la
vie de camarades, ou encore, aujourd’hui, avec Production
Cocagne, Jean et Serge Gagné tiennent à l’entière indépendance
de la production pour éviter les contraintes et assumer
pleinement leur liberté créative. Dans
Une semaine dans la vie
de camarades, le générique d’ouverture rapporte également un
crédit de production attribué à l’Association coopérative de
productions audiovisuelles (ACPAV)....
Une semaine dans la vie de camarades
est produit avec un
maigre budget de 15 mille dollars, obtenu grâce à une bourse du
Conseil des arts du Canada que se voit décerner Jean Gagné en
1975. ...Les deux cinéastes tirent profit du programme d’aide au
cinéma artisanal de l’Office national du film (ONF) ... «
vraiment, pour un film indépendant et son sujet gigantesque, de
moyens exceptionnels45.
» ... Captées sur le vif, sans mise en
scène, les entrevues qu’Edgar conduit avec ces gens sont
minimalement organisées de façon à préserver ce que l’on
considère, chez les frères Gagné, comme l’« authenticité » du
témoignage (une caractéristique importante du cinéma direct).
essai cinématographique 2016-17
totemIsage
LISTE DES
PARTICIPANT-E-S:
ARTISTES ET
COLLABORATEURS
Mathieu Parent,
anthropologue
Diane Boucher,
mjusicienne
Christiane
Tremblay, docteur en philosophie
Réal Capuano,
photographe
André Fournelle,
scuilpteur
Raymond Charland,
enseignent et artiste
André Duchesne,
mucsicien
Régis Painchaud,
artiste
Jean-Pierre
Tremblay, musicien
Myriam Gagné,
artiste
Brenda Kimpan,
artiste
Gaétan Dostie,
écrivain, poète
Jean Billard,
enseignant et artiste
Sylvain Tremblay, focntionnaire et artiste
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